Ils étaient nos amis….les grands pins de Monterey qui se découpaient sur la mer ; le cyprès doré que l’on voyait de loin lorsqu’on passait au large de Penboc’h ; les chênes pédonculés majestueux : il y avait celui qui pleurait, celui qui s’élançait vers l’azur avec une puissance impressionnante ; le sapin plein de lichen qui nous disait son âge avancé ; le cèdre de l’atlas qui vivait les mêmes tourments ; les tilleuls cachés dans le bois de l’entrée ; les derniers hêtres du parc qui faisaient de la résistance au changement climatique ; l’acacia qui penchait vers la propriété du voisin ; les chênes pédonculés du petit bois qui nous accueillaient à chaque passage à Penboc’h. Ils ne sont plus : déjà couchés par la tempête, ou bientôt par l’action des tronçonneuses. Aujourd’hui, l’odeur de la résine, de la sève des feuillus nous disaient la fin de vie de ces hôtes majestueux. Les professionnels et les amis de Penboc’h venus à leur chevet avaient le cœur lourd de devoir apprivoiser un nouveau paysage. Nous avons pris des photos comme pour retenir ce qui a été et ne sera plus.
Jardiner dans le parc c’était ressentir que nous faisions partie d’un Tout, nous en étions les hôtes, au même titre que les arbres. Tous les arbres qui ne sont plus étaient les acteurs majeurs du paysage. Nous tentions de les comprendre, de les soigner car beaucoup étaient avancés en âge. Nous les aimions et nous aimions l’atmosphère qu’ils créaient.
Nous avions mis en place des retraites « jardiner, une expérience spirituelle ». Au soir de cette 1ère journée de désastre, les thèmes de chaque journée me reviennent en mémoire
« S’émerveiller de ce qui nous est donné » c’est un sacré défi aujourd’hui ! Il reste que dans le chaos, il y avait des odeurs pleines de douceur, des branches avec des lignes magnifiques qui ne demandent qu’à être placées dans des compositions florales pour dire la beauté de la création.
« Prendre soin » nous allons nous y atteler avec l’aide des professionnels. Les quelques survivants seront soignés pour qu’ils restent les témoins de ce qui a été.
« Envisager l’avenir » les éléments nous provoquent à le faire ! C’est un peu radical comme méthode mais nous n’avons pas d’autre chemin.
Nous sommes invités à comprendre que nous faisions partie d’un tout, une partie de ce tout n’est plus, celle-ci nous appelle à faire advenir « un nouveau parc », après le
« nouveau Penboc’h ». Nous le ferons, dans l’espérance, avec détermination, patience et humilité.
Pascale