« A force de colombe
A force de patience
Tenant nos lampes dans la nuit,
Nous détruirons ce qui détruit,
Nous brûlerons tous les fusils…
Nous ferons peur à la violence,
Nous ferons taire le mensonge
Taire le mensonge… »
En préparant la session Magis « La paix en partage » qui a lieu à Penboc’h en août, je tombe sur ce poème de Didier Rimaud « A force de colombe ». Il ne savait pas quand il écrivit ce texte, comment il résonnerait à nos oreilles en ce mois de juin 2022. « A force de colombe, à force de poème, sans autre armure de combat… » dit-il encore. Utopie. La force des armes est-elle parfois nécessaire : « pour que reprenne vie ce qui mourrait : le droit de l’homme et le respect… »
Il y a des conflits partout de par le monde et nous ne les oublions pas. Mais ce qui se passe en Ukraine nous laisse sans voix, sans voie. Les mots du psalmiste nous donnent parfois des mots pour crier vers Dieu tant nous nous sentons impuissants face au mal qui déferle et détruit tout. » Ne laisse pas la Bête égorger la tourterelle, n’oublie pas sans fin la vie de tes pauvres » dit le psaume 73. Où est-il ton Dieu dit un autre psaume.
En cette fête de Pentecôte qui appelle à rassembler les personnes de toutes langues et nations, nous avons tous en mémoire les visages en larmes qui sont sur nos écrans, les regards hagards des enfants, les personnes âgées qui fuient les bombes à petits pas parfois sur des passerelles, nous avons en mémoire ceux qui se battent pour la liberté et pour leur pays parfois dans des champs de ruines ; nous avons dans le cœur tous ceux qui souffrent et endurent la guerre, jour après jour. Nous sommes touchés par la destruction systématique et diabolique d’un pays, d’un peuple, mais aussi par la tentative de détruire la paix construite en Europe après la guerre de 39-45. Les tentatives multiples pour arrêter la guerre, pour négocier et sauver ce qui peut l’être nous paraissent parfois si dérisoires.
Quel appel de l’Esprit entendrons-nous, en cette Pentecôte, même si nous ne pouvons pas grand-chose pour changer le cours de l’histoire ? « La croix nous maintiendra debout » dit encore Didier Rimaud dans son poème. Peut-être chacun de nous a-t-il à trouver sa manière d’être debout aujourd’hui, là où il est, là où il peut agir. « A force de colombe, à force de prière », chacun trouvera sa manière de résister ; et si nous cherchons ensemble, « nous trouverons le chemin ».
FA
A force de colombe, chants et poèmes II, édition du cerf, 2007.